NE TE LAISSE PAS FAIRE, MA BELLE!
NE TE LAISSE PAS FAIRE, MA BELLE !
Ne te laisse pas faire, ma belle,
Pardonne-moi ce tutoiement,
Cette familiarité grossière
Que je m’octroie
Pour avoir passé
Vingt ans ensemble.
Je t’ai connue coquette,
Parfois capricieuse
Souvent exubérante
J’ai admiré ton teint
Tes parfums
Tes jupes épousant si parfaitement
Tes hanches.
Ne te laisse pas aller,
Je sens ton pouls ralentir
Ta vigueur te quitter
Je te prie,
Reste avec moi
Comme moi j’ai su rester à tes côtés.
C’est pour le meilleur et pour le pire.
Tes traits sont tirés,
Ne te laisse pas tromper par l’adversaire,
Ma belle,
Il y a des beautés
Sur lesquelles des négligences sont impardonnables.
Tu te plies et fermes tes portes
Ostensiblement
Barres,
Cadenas,
Joggeur seul, banc seul, matin seul
Rives désertes.
Point de festins
Ni d’invitations.
À ton sein
Tu n'exhortes que des innocents,
Les purs.
Ton visage du matin
Plat
Sans plis, sans goût, sans tout.
Si, soudain, tu m’oublies,
Sache que je ne t’oublie point.
Ne te laisse pas abattre, mon aimée,
Surprends-moi de quelques légèretés,
De tes inconstances.
Je ferme les yeux,
Entends-tu l’éclat d’antan
Dans l’ordinaire ?
Les images ouvrent leurs gorges
Pour chanter
La nuit est en train de partir
Et le jour n’est pas encore arrivé.
Laisse les vents converser avec une éloquence agitée,
Fais de tes traits un printemps perpétuel
Accorde-nous juste le temps de
Nous guérir de nos errances.
Le soleil naît de la noirceur
Il le fait toujours
Tous les jours
Quoi qu’il arrive,
Emboîte-lui le pas,
Ma Genève.
Mladenka Perroton, 16 mai 2020 – COVID-19